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Ma souffrance et moi ... petite histoire de bas ventre



Il m'est arrivé de lire ici est là un commentaire laissé sur l'un de mes supports de partage, tel que "ce qu'elle partage ce n'est pas réellement ce qu'elle vit, si on tombe le masque, ça ne doit pas être si beau que cela ..." Je dois avouer que je ne suis pas sensible à ces remarques parce que je me définis comme une personne entière et honnête envers les autres mais aussi moi-même, ce que je partage je le vis vraiment, ce qui ressort de mes écrits et de mes posts c'est moi, du moins une partie de ma personnalité. Une fois posé ce constat, je me suis interrogée sur la partie cachée de l'iceberg, les "coulisses", les parties moins sympas que je ne partage pas, et hier soir, pliée en deux dans la salle d'attente de mon praticien qui avait eu la grande bonté de me recevoir en urgence à la suite de mon appel de détresse, j'ai mis le doigts dessus : ce moment là ! Il n'est pas beau, ne peut être accompagné d'une photo esthétique, ne peut être hastagué à grand renfort de mot positif et fédérateur, ce moment là n'est que douleur mais mérite d'être partagé : je souffre d'endométriose ... et bordel ça fait mal !



Seule, voilà comment je me sens ces jours là ... Au moment de l'ovulation, et les deux premiers jours de mes règles... Non le sujet n'est pas tabou, ce n'est pas le terme que j'emploierai, le mot qui me vient s'est "dissimulé" et franchement j'en ai ras le bol.

27 ans que cela dure en ce qui me concerne, 27 ans de douleurs intenses entrecoupées parfois de périodes d'accalmie s'ensuivant un retour brutal et surprenant de ma grande peine.

"Ce n'est rien, rien que des règles douloureuses"... Voilà c'est le diagnostic réalisé pendant des années par des médecins incapables d'entendre ma douleur.

"Ce n'est rien, rien que des règles douloureuses"... Le jugement sans empathie que la société pose sur ce mal pour une fois encore remettre les femmes à leur juste place.

"Ce n'est rien, rien que des règles douloureuses"... les mots froids sans détour de la famille pour ne pas transformer ce maux si répandu pourtant en une source de discussion.

Puis un jour, épuisée depuis longtemps déjà, tu craques. C'est grâce à mon Homme que j'ai pris conscience que non ce n'est pas rien. Il a pris du recul, m'a regardé souffrir durant des années, m'a écouté lui répondre : "Ce n'est rien, rien que des règles douloureuses",... m'a observé partir travailler le dos courbé, épuisée par une nuit sans sommeil, ... puis un jour las lui aussi, il m'a appelé au travail et a dit ces simples mots "j'exige que tu prennes rendez-vous tout de suite avec un médecin pour parler de ton RIEN !"

Il a eu raison, parce que s'infliger cela année après année c'est de la violence, un grand mal que l'on s'inflige sous couvert de normalité.

Je ne vais pas épiloguer davantage sur ma situation personnelle, j'ai envie de partager cela avec vous chères partageuses de mon cœur, sans fioriture, sans formule de style, sans humour habituel, car on ne sait jamais peut-être êtes vous vous aussi concernées et peut-être que tout comme moi, vous (mal)vivez cela en silence !

A cause de ce carcan social. Cette société au sein de laquelle l'un de nos rôles à nous autres les femmes, est de souffrir : les règles, l'accouchement, ... pour être belle nous dit-on aussi (quelle absurdité!)

A cause aussi, et c'est en ça que c'est bouleversant et incompréhensible, de ce médecin que l'on voit souvent au début pour tenter en vain d'expliquer combien on souffre. De ce médecin qui n'écoute pas, généralise, examine en vitesse, chasse les auto-diagnostics d'un revers de la main, et prescrit anti-douleurs et pilules contraceptive sans comprendre l'ampleur de nos peines, pour juste la taire... alors on arrêtes de s'y rendre.

On vit avec et c'est idiot. On annule systématiquement tout rendez-vous, on met toute sa vie sociale entre parenthèses ces jours là quand par "chance" cela tombe le week-end.
On est au supplice au travail car franchement qui ne serait pas embarrassée d'indiquer à sa hiérarchie "je ne peux pas venir bosser pour cause de règles douloureuses".
On reste debout dans le métro la goutte au front tant la douleur est vive parce que l'on n'ose pas demander à s'assoir, une femme enceinte cela se voit, mais les règles douloureuses ne sont pas un motif recevable pour la RATP hein !

Insister, voilà la solution, la seule en vérité. Se faire entendre, poser des mots, même s'ils sont hésitants, même s'ils sont imprécis, sur son mal et convaincre son médecin qu'il ne s'agit pas d'une douleur passagère. Pour moi le diagnostic a enfin été posé il y'a 3 ans déjà après des années et des années de souffrance. Une opération, puis ma grossesse, m'ont donné quelques temps de répit, mais ce fut bref puisque revoilà ma bonne amie douleur. Des mois que cela s'est à nouveau manifesté, mon cycle est bref, 21 jours, la douleur pique, gâchant des moments joyeux de mon existence. Pendant l'ovulation, après, pendant les règles, après, ... si bien que j'ai l'impression de n'être qu'un bas ventre douloureux. Harcelée par cette douleur intime je grimace en tapant ces lignes, je grimace au parc, ce lieu sacré où tout ne devrait être que jeu et partage avec mon fils, je grimace aux anniversaires de mes proches, je grimace au travail face à mon écran et en réunion... Une dizaine de jours répartis dans le mois, pourraient se résumer par cette grimace ... A cette douleur qui me taraude et vraiment je suis fatiguée de la subir.

37 ans pour en arriver à ce constat, c'est inconscient et irresponsable, ne faites pas comme moi si vous êtes concernées, qu'importe l'origine de la douleur ce n'est pas RIEN. Prenez rendez-vous, consultez, insistez, vous souffrez peut-être tout comme moi d'endométriose ou bien encore de dysménorrhée, de kyste, de fibrome, de polypes, d'une malformation génitale, ou d'une infection. La douleur est là, elle chante sa lente mélodie, faite la taire et balancez lui le son joyeux de votre délivrance !

(source endofrance.org)
Qu’est-ce que l’endométriose ?
L’endométriose est une maladie chronique, généralement récidivante qui touche 1 femme sur 10, en âge de procréer.
L’endomètre est le tissu qui tapisse l’utérus. Sous l’effet des hormones (oestrogènes), au cours du cycle, l’endomètre s’épaissit en vue d’une potentielle grossesse, et s’il n’y a pas fécondation, il se désagrège et saigne. Ce sont les règles. Chez la femme qui a de l’endométriose des cellules vont remonter et migrer via les trompes. Le tissu semblable au tissu endométrial qui se développe hors de l’utérus  provoque alors des lésions, des adhérences et des kystes ovariens, (endométriomes) dans les organes colonisés. Cette colonisation, si elle a principalement lieu sur les organes génitaux et le péritoine peut fréquemment s’étendre aux appareils urinaire, digestif, et plus rarement pulmonaire.
Elle touche potentiellement toutes les femmes réglées. Et lorsqu’on les interroge, la plupart des femmes atteintes sévèrement par cette maladie se plaignent d’avoir souffert depuis la puberté de douleurs gynécologiques.
L’endométriose est une maladie complexe. On a même coutume de dire qu’il n’y a pas une mais « des » endométrioses car cette maladie ne se développe pas de la même façon d’une femme à l’autre…

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12 comments:

  1. Bonjour, merci pour ce partage ! Moi aussi j'ai les règles douloureuses depuis quelques années ! Avant la douleur était si intense que j'étais obligée de prendre des jours de congés pour aller bosser. J'en ai parlé à mon médecin, il m'a prescrit un décontractant musculaire depuis ça va mieux mais si je ne les prends pas, je souffre atrocement. Alors je ne sais pas si ce sont de simples règles douloureuses ou autre chose mais je me pose des questions car jusqu'à prendre la pilule je n'avais pas de règles douloureuses. Cela fait 3 ans que j'ai arpenté la pilule mais la douleur est toujours là. Je me dis que je devrais consulter pour voir si ce sont de simples règles douloureuses ou si c'est autre chose.
    Deltrey

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  2. Je croie en Dieu si tu le veux bien je prierais pour toi pour que Dieu guérisse tes douleurs insupportable en attendant que Dieu te bénisse dans ta santé et qu'il bénisse toute ta famille et prenne soins de chacun de vous

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  3. je compatis de tout coeur. J ai comme toi souffert de regles douloureuses mais je ne sais pas pourqoi depuis mon accouchement la douleur a brusquement disparue..... je ne vais pas du tout chercher a savoir pourquoi juste prier qu elle y reste.

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  4. Bonjour et MERCI pour ce partage et surtout pour le courage de ce partage!!! Je fais partie de ces "suiveuses" de l'ombre qui ne commentent jamais mais sont toujours à l'affût de nouveaux posts. Je vous ai decouverte grâce à un post de Fatou (BlackBeautyBack) et j'ai été bluffée par votre look (c'était à une fashion week avec une magnifique jupe en wax et une chemise en jean oh gosh c'était juste magnifique) et depuis je vous suis de l'autre côté de l'Atlantique où je vis désormais
    Je ne souffre pas de ce mal mais j'espère que vous trouverez un moyen d'en guérir ou d'en être soulagée!!
    En tout cas, Bravo pour vos partages, pour être vous même (je ne vous connais pas mais vous dégagez quelque chose qui me fait dire que vous êtes une belle personne)......

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  5. Merci pour ce partage.
    J'ai couru lire ton article en lisant les premières lignes sur ton profil instagram.
    Je souffre de douleur au bas du ventre etau niveau des ovaires durant la journée aussi.Ms elles sont aiguës et disparaissent au bout de quelques minutes. Je mets souvent ça sur le compte de mes 3 fibromes (chanceuse que je suis) Mais le médecin banalise vraiment les symptômes et associe cela a des douleurs passagères.
    Et la grimace malheureusement je la connais bien, souffrir en silence de douleurs secrètes

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  6. Bonjour,

    Dans ma famille, nous sommes 5 filles, 3 de mes sœurs ont des ovaires polykystiques et des douleurs semblables aux tiennes. J'ai moi même eu de très fortes douleurs parfois jusqu'à l'évanouissement. Je suis tombée sur une gynéco formidable qui a fait tout les examens nécessaires et le verdict est tombé, j'avais des fibromes sur toute la paroi utérine. Seule solution l'opération mais avec un risque qu'on m'enlève complètement l'utérus et mon rêve de maternité avec. C'était en 2009, et je venais de rencontrer l'Homme de mes rêves. Comment lui annoncer que je n'allait peut être pas lui donner d'enfant. En bref l'opération s'est bien passée, et le chirurgien a épargné mon utérus. Aujourd'hui à bientôt 38 ans, je suis maman de 2 petites filles (de 5 ans et 17 mois)et je n'hésite pas à encourager mon entourage, mes amies, mes collègues à consulter. Je compatis de tout cœur.
    Delphine

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  7. Bonjour Rosianna,
    je te suis depuis plusieurs années, je fais partie de ces personnes qui lisent avec bonheur tes billets sans jamais prendre la peine de laisser un petit commentaire.
    Et cette fois ci j'ose parce que tu aborde un sujet que je connais si bien... cette foutue maladie est malheureusement méconnue bien qu'elle concerne beaucoup de femmes. Quel parcours du combattant pour que le corps médical puisse rendre à césar ce qui est à césar : oui nous souffrons d'une maladie, non nous n'avons pas un mauvais rapport à la douleur, non nous ne sommes pas chochottes. Je bénis Dieu pour toi car il a permis que tu aies ton petit bout, certaines n'ont pas cette chance.
    Merci à toi de mettre en lumière cette maladie , ton billet permettra certainement d'accélérer le diagnostique de certaines de tes lectrices.
    Ce ne sont quelques mots "d'une anonyme" sur ton blog mais je compatis sincèrement à tes douleur et t'envoie pour tes moments de douleurs toutes mes meilleurs pensées

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  8. Coucou Rosianna! Vraiment ça fait chaud au coeur de savoir qu'on n'est pas seule dans ce cas! J'ai 22 ans et ça fait 9ans que je supporte ça. C'est vraiment horrible et à l'approche de la date fétiche (qui change tout le temps parce que oui je suis pas régulière) je déprime à d'avance. Je suis passée par les injections 2/mois puis testé les substituts de morphine je suis même tombée dans les pommes. Mais au jours d'aujourd'hui c'est encore plus violent... et maman qui me dit c'est normal ta grand mère et moi avons autant souffert (aah non je ne crois pas 😢).
    Tes quelques lignes sont réconfortantes je me sens moins seule et surtout pas folle parce que je pensais vraiment être seule à autant agoniser pendant mes "règles, ovulations et Cie" .
    Merci pour ce billet et moi je vaus me trouver un bon docteur qui mettra 1 nom sur mon mal.
    Des bisous

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  9. Tu as vraiment raison, il faut qu'on arrête nous les femmes de se contenter d'accepter d'avoir mal. Une de mes soeurs à failli ne jamais avoir d'enfants à cause d'un fibrome qui a été mal diagnostiqué et surtout à cause d'un médecin qui favorisait la quantité à la qualité de ses consultations. J'ai souffert de règles hyper douloureuses très tôt et hop mise sous pilule à 15 ans. Une terrible erreur dont je me rends compte aujourd'hui. Et comme mon papa n'a eu que des filles (le pauvre lol), on a toutes eu droit à des kystes dont 2 qui ont du être opéré parque "avoir mal c'était normal". Tu as raison, il faut consulter et ne pas se laisser plier en quatre comme ça! Merci pour ton témoignage.

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  10. Bonsoir Rosianna, je suis tombée sur cette vidéo qui peut peut etre te fournir des axes de solution. Bién regarder les deux parties. Courage.
    http://youtu.be/_FSWNSv_WC8

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  11. Toutes mes pensées les plus positives pour toi.

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  12. Merci infiniment pour ce partage et courage. C'est la semaine europeenne de la prévention et de l'information sur l'endometriose. Voici un lien vers la promotion la vidéo de ELLE pour marquer l'événement. Merci

    http://videos.elle.fr/Videos/ELLE-contre-l-endometriose-Imany-et-Julie-Gayet-levent-le-voile-sur-la-maladie

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